Attendre la trahison pour mériter le respect

Si l’on peut trouver le consommateur d’aujourd’hui exigeant et sévère, certains exemples montrent qu’il est beaucoup plus indulgent et tolérant envers les marques "honnêtes" : celles qui dévoilent tout, sans filtre, qui lui explique, qui l’informe.

Un consommateur devenu aigri

Si l’on peut trouver le consommateur d’aujourd’hui exigeant et sévère, certains exemples montrent qu’il est beaucoup plus indulgent et tolérant envers les marques “honnêtes” : celles qui dévoilent tout, sans filtre, qui lui explique, qui l’informe.

En effet, le consommateur souffre surtout de la désinformation et craint d’être manipulé de par son ignorance. Il est méfiant car il a déjà été trahi. Findus, Lactalis, Orangina, Ferrero, Volkswagen etc. etc. etc. etc. etc. sans parler de l’alliance “récente” marques/influenceurs pour des placements de produits qui ont cruellement manqué d’éthique et de transparence. Cela tend à être régulé (à voir comment et si de nouvelles méthodes douteuses ne vont pas voir le jour…) mais de la même manière : il faut attendre d’être trahi pour pouvoir se faire respecter.

Tout cela a donc logiquement amené les consommateurs à être méfiants, et peut-être un peu aigris. Toujours à se demander “où est le pépin ?” Le cerveau humain va se consacrer sur les expériences négatives passées, et même si les consommateurs voudront théoriquement donner une chance à chaque marque, ne pas toutes les mettre dans le même panier : en pratique ils donneront leur confiance plus difficilement.

Authenticité > Perfection

Alors (outre celles qui ont déjà gagné leur respect) les marques désacralisées, qui les informent et les considèrent en se montrant de manière authentique les rassurent et leur inspire une véritable sympathie.

La transparence des compositions, la transparence du discours, la transparence des bilans, la transparence sur la vie en interne : les gens veulent du vrai, et préféreront une marque qui fait un mea culpa, qui se remet en question publiquement, qui montre ses faiblesse et leur accorde finalement une certaine forme de confiance et même de responsabilité plutôt qu’un mensonge d’une marque qui se montre inatteignable.

Certaines marques ont compris le besoin actuel de sincérité et leurs actions pour se montrer transparentes ont toutes rencontré un franc succès : Luzzu, qui vend des jus aromatiques, a crée un packaging entièrement transparent, sans aucun élément marketing. Maison Standards elle, se dit responsable et qualitative et le prouvait en publiant son business model sur les réseaux sociaux.

La marque peut aussi faire le judicieux choix d’être associée à l’image d’un influenceur ambitieux et … transparent ! En acceptant un avis absolument objectif et l’explication honnête des conditions de ce partenariat aux internautes, elle peut considérablement dorer son image car elle montre une ouverture d’esprit et une transparence totale sans aucune censure. Elle prouve alors la qualité de ses produits/services et de ses valeurs en cautionnant l’objectivité; mais également en encourageant, finançant et donc en accompagnant de jeunes talents ambitieux dans la réalisation de leurs projets.

Authenticité ou faux semblant ?

Une marque authentique et une marque qui se veut authentique : la nuance est importante car le consommateur la ressent. Aucune marque n’est parfaite, mais le fond, l’intention est la clé. Le juste dosage entre se montrer transparent sans trop en faire, avoir des valeurs, les montrer et les prouver sans tomber dans la démagogie…

Pour moi la différence se puise dans l’intention, entre une marque profondément éthique car c’est ce à quoi elle aspire et que ses valeurs font partie de son ADN quoiqu’il arrive et la marque éthique par obligation, de par la législation et car c’est ce qui fonctionne commercialement. Au même titre qu’un véritable fanatique de musique classique comparé à celui qui fait mine de l’apprécier pour se donner un genre : cela se ressent.

Alors voilà, cette nuance est importante et l’intention profonde ne peut être simulée. Aujourd’hui les marques non-transparentes son has been et se font de plus en plus rares.

Celles qui sont en revanche de plus en plus communes sont les marques qui simulent un aspect éthique, des valeurs et de l’authenticité simplement pour suivre le mouvement, pour se plier aux attentes, par conformité et donc dans un objectif purement commercial et non par choix, envie et conviction : cela sonne faux.

Le point positif est que selon moi, cette intention profonde se ressent plutôt facilement et qu’il existe également de plus en plus de marques à l’ADN marqué de belles valeurs.

La transparence implique une réelle considération de son consommateur car celle-ci peut rapidement devenir une simple vague de tendance sans fond.

Un point plus négatif… comme une impression que pour avoir droit à de l’authenticité et du respect le consommateur doit dans un premier temps passer par l’étape obligatoire de la trahison. Etre trahi pour avoir droit à une protection légale (cf la nouvelle “législation” sur la transparence des placements de produits). Attendre le moment de la révolte pour faire bouger les choses comme si avant celle-ci, le but était de profiter un maximum de l’inaction, abuser de la confiance pour atteindre la limite et changer lorsque la limite a été franchie.

En tant que consommateur, faut-il donc attendre d’être trahi, attendre que les limites soient dépassées pour avoir droit au respect ?

Je m’avance peut-être, et j’espère me tromper, mais j’attends de voir les prochains vices qui vont être créés pour détourner la transparence imposée dans le milieu du placement de produit. Un vice qui durera le temps de trahir et d’abuser de la confiance des gens, qui mènera par la suite à une indignation et qui sera enfin réglé et contrôlé par une obligation légale ou commerciale. RDV au prochain vice …

“Agathe, tu es pessimiste” Mais non, attendez la suite !

Lire l’article sur le putaclic & la diffamation

Lire l’article sur le viol de l’esprit

Lire l’article sur les placements de produits

Lire l’article d’introduction à la série Caméléon

Lire l’article Big Brother is spamming you

Lire l’article sur la marque employeur : je t’aime, moi non plus

Lire l’article Journalisme & Réseaux sociaux : nouveau Tribunal, Alliance fatale

Lire l’article Peut-on encore respirer ?